Elections présidentielles / médicaments : le classement d’OTMeds

Publié le 8 avril 2022 Dans la catégorie : Communiqués de presse , , , ,

La campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle se clot. Les questions de santé, tout particulièrement les politiques du médicament, auront été oubliées des débats électoraux (voir par exemple ce questionnaire de positionnement électoral du Monde qui ne prévoit qu’une seule question sur quarante dédiée à la santé, celle-ci portant sur les hôpitaux).

Deux ans de crise sanitaire liée au COVID-19 ont montré la nécessité de refonder des politiques du médicaments sur la base de la transparence, de la planification sanitaire orientée vers les besoins réels en santé et sur la production publique. A ce titre, le bilan du président sortant est catastrophique : gestion de la crise sanitaire, abandon des politiques publiques au secteur privé, influence du lobby pharmaceutique, conflits d’intérêt incompatibles avec la santé publique et enfin rejet systématique de toutes les propositions pragmatiques déposées par l’opposition de gauche au Parlement. Le mandat d’Emmanuel Macron a vu s’accentuer l’influence des cabinets d’audit (Citwell, Accenture, MacKenzie, BCG, etc.). Il a aussi vu s’aggraver notre vulnérabilité sanitaire, le nombre de pénuries et exploser les prix des médicaments et produits de santé.

L’Observatoire de la Transparence dans les Politiques du Médicament (OTMeds) publie aujourd’hui un classement des candidats à la présidentielle qui évalue leurs actions et leur programme. Une étude rigoureuse de ces derniers et des travaux parlementaires menés a permis d’établir le classement suivant des candidats :

1/ Le programme de Jean-Luc Mélenchon prévoit de faire la transparence sur la chaine du médicament et d’établir une production pharmaceutique publique adossée à une planification sanitaire. Cet engagement prévoit une articulation avec la question des droits de propriété intellectuelle, notamment des brevets, et de l’exclusivité des données cliniques et du secret des affaires. Tout au long de leur mandat, les députés LFI, notamment Caroline Fiat et François Ruffin, ont défendu la transparence et porté une proposition de loi pour mettre en place un pôle public du médicament. Face à une majorité qu’elle a su convaincre mais qui a tout fait pour en réduire la portée, Caroline Fiat a notamment été la principale architecte de l’amendement Transparence adopté deux années de suite au Parlement (dans le PLFSS pour 2020 et le PLFSS pour 2021), première étape de la mise en œuvre de la résolution de l’OMS de 2019 sur la Transparence. Au Parlement européen, les députés Manon Aubry et Manuel Bompard ont été particulièrement actifs en faveur de la levée des barrières de propriété intellectuelle sur les technologies contre le COVID-19. Jean-Luc Mélenchon a multiplié les déclarations en faveur de cette mesure.

2/ Le programme de Fabien Roussel prévoit de faire la transparence sur la chaine du médicament et d’établir une production pharmaceutique publique adossée à une planification sanitaire, en l’articulant avec la question des brevets. La sénatrice communiste Laurence Cohen a été l’initiatrice d’une proposition de loi visant à créer un pôle public du médicament et a par ailleurs proposé de nombreux amendements sur la transparence dans les débats sur le PLFSS. Fabien Roussel a multiplié les déclarations en faveur de la levée des barrières de propriété intellectuelle sur les technologies contre le COVID-19.

3/ Le programme de Yannick Jadot prévoit de renforcer la transparence sur la chaine du médicament, de conditionner les aides publiques et de recourir plus fréquemment aux licences obligatoires pour permettre des productions alternatives aux multinationales. Ce dernier s’est positionné, notamment au Parlement européen en faveur de la levée des barrières de propriété intellectuelle sur les technologies contre le COVID-19. Il a par ailleurs défendu l’émission d’une licence obligatoire pour permettre une production locale des vaccins.

4/ Le programme de Philippe Poutou prévoit d’exproprier les groupes pharmaceutiques, de lever les brevets sur les médicaments. Ce dernier a multiplié les déclarations en faveur de la levée des barrières de propriété intellectuelle sur les technologies contre le COVID-19. Il a participé à de nombreuses mobilisations sur le sujet. Le NPA n’ayant pas de parlementaire, il ne peut être évalué sur cet aspect.

Ces quatre candidats avaient par ailleurs signé en janvier dernier un courrier d’OTMeds appelant Emmanuel Macron à réunir au plus vite l’OMC et y adopter cette mesure.

Hors classement :

Le programme de Valérie Pécresse ne tient compte d’aucune des exigences pour une refonte rationnelle des politiques du médicament. Pire, une proposition LR au Sénat de février 2022 portant sur l’innovation en santé reprend les éléments de langage et les revendications des seules multinationales. Au Sénat ou à l’Assemblée nationale, les parlementaires LR se sont opposés aux propositions de loi LFI ou communistes pour expérimenter une plannification sanitaire et un pôle public du médicament.

Les programmes de l’extrême-droite sont incompatibles avec le droit à la santé. Pendant la pandémie, leurs représentants ont repris les thèses complotistes et anti-sciences contre des mesures de santé publique.

Les politiques du médicament sont au cœur des préoccupations citoyennes. Les pénuries de médicaments ou de diagnostics ne cessent d’augmenter. Notre dépendance à la production de principes actifs, à 80 % établie en Chine ou en Inde, nous rend particulièrement vulnérables, notamment dans un contexte international incertain. De plus, la financiarisation de la recherche, orientée vers des profits à court terme, empêche de répondre à des besoins essentiels en santé. Enfin, l’opacité qui entoure la chaine du médicament empêche de fixer rationnellement des prix légitimes qui tiennnent par exemple compte du coût de production, des aides publiques reçues, des investissements réels des multinationales. Résultat : les prix des médicaments explosent, creusant les inégalités mondiales dans l’accès aux soins et menaçant la pérennité des systèmes de santé, y compris en France. Un candidat à la présidentielle sérieux doit avoir mis au cœur de son programme ces questions.

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