Le droit à la santé est un principe qui doit être universel et effectif, et nous avons besoin pour cela de politiques ambitieuses. En refusant les réformes politiques, économiques et industrielles, et en privilégiant le caritatif, Emmanuel Macron empêche toute réponse mondiale à la pandémie.
Le président de la République a proposé aux pays riches de donner de 3 à 5 % des doses de vaccins aux pays les plus pauvres. L’accès aux vaccins est aujourd’hui entravé par l’insuffisance de la production mondiale des multinationales, par les barrières de propriété intellectuelle, par une chaine privée et opaque des produits pharmaceutiques qui répond aux besoins des actionnaires, et non à l’intérêt général des populations.
C’est donc tout un système qu’il faut changer, mais le président de la République Emmanuel Macron refuse de le faire. Depuis le 2 octobre 2020, la France s’oppose encore à une proposition de l’Inde et de l’Afrique du Sud à l’Organisation Mondiale du Commerce, qui demande à ce que les droits de propriété intellectuelle soient levés sur les technologies développées contre le COVID, comme les vaccins, les tests et les candidats traitements.
Les ONG estiment que fin 2021, 9 personnes sur 10 en Afrique n’auront pas été vaccinées. Comme l’a rappelé le 9 décembre la coalition d’ONGs People’s Vaccine Alliance, la totalité des doses du vaccin Moderna et 96 % de celles de Pfizer BioNTech ont été acquises par les pays riches. Dans ce contexte, la proposition d’Emmanuel Macron est en même temps ridicule et indécente.
Cette proposition est une faute morale. La défense du droit à la santé par un des dirigeants des pays riches ne peut pas passer par de la charité. Le droit à la santé est un principe qui doit être universel et effectif, et nous avons besoin pour cela de politiques ambitieuses. C’est aussi l’éthique qui est piétinée. Nombre des essais cliniques sur les candidats vaccins sont pratiqués sur le continent africain, qui remplit donc sa part d’effort pour la recherche en exposant une partie de sa population aux risques inhérents à des essais sans pouvoir ensuite faire bénéficier l’ensemble des pays.
Cette proposition est aussi une aberration en terme de santé publique. En refusant les réformes politiques, économiques et industrielles, Emmanuel Macron empêche toute réponse mondiale à la pandémie. Cette menace est globale, elle ne peut être jugulée que si l’ensemble de la population mondiale peut avoir accès aux vaccins – et ce en espérant qu’ils stoppent la transmission et donc qu’ils soient efficaces au niveau populationnel, y compris contre les différents variants. En l’oubliant ou en l’ignorant, Emmanuel Macron ne piétine pas seulement le droit à la santé et l’éthique. Il fait preuve d’un manque de pragmatisme aberrant qui va permettre à la pandémie de se maintenir.
Si jusqu’ici les multinationales ont été incapables de produire les vaccins dont nous avons besoin, alors que leur développement ont été en grande partie financé par de l’argent public, alors les pays en développement doivent pouvoir produire eux-mêmes les vaccins dont ils ont besoin pour répondre à la pandémie.
Le 12 mars 2020, Emmanuel Macron déclarait : « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. » Le président de la République doit tenir sa promesse. La France doit maintenant soutenir de tout son poids les propositions des pays en développement à OMC demandant de lever les droits de propriété intellectuelle sur les technologies développées contre le COVID-19.