JL Mélenchon, Ph. Poutou , Y. Jadot et A. Hidalgo demandent aux côtés d’OTMeds à Emmanuel Macron de réunir en urgence l’OMC pour acter la levée des brevets sur les vaccins contre le COVID-19.
Ce vendredi 14 janvier, quatre candidat-es à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, Phillipe Poutou, Yannick Jadot et Anne Hidalgo, ont adressé avec l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) un courrier au Président de la République, lui demandant de tout faire pour réunir en urgence l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et acter enfin la mesure connue sous le nom de «levée des brevets ». Accompagné d’un transfert de technologie, cette disposition permettra aux producteurs qui le peuvent de produire des vaccins et répondre aux besoins mondiaux (voir notre Questions / Réponses sur cette mesure). Ce courrier commun confirme une prise de conscience de plus en plus forte dans la société civile et chez les responsables politiques.
L’absence d’actions concrètes du gouvernement français pour « lever les brevets » est inquiétante. La pandémie implique des réponses à la hauteur des enjeux et nous déplorons que près de 15 mois après la première demande de l’Inde et de l’Afrique du Sud déposée en octobre 2020, aucune action concrète n’ait été menée pour permettre aux pays qui le souhaitent de produire les doses dont ils ont besoin pour protéger leur population.
La France a pris la présidence du conseil de l’Union européenne le 1er janvier. Aux côtés d’Ursula Von Der Leyen, Emmanuel Macron a rappelé, lors d’une conférence de presse la semaine dernière, l’importance des vaccins contre le COVID-19. Il s’agit maintenant de passer enfin aux actes.
C’est la raison pour laquelle, nous écrivons aujourd’hui à Emmanuel Macron, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Philippe Poutou, pour lui demander d’agir en urgence.
Selon Pauline Londeix, co-fondatrice d’OTMeds : « Nous constatons avec désarroi l’inaction du gouvernement pour rendre effective la levée des brevets à l’OMC. Ce blocage qui maintient le statu quo nous met tous en danger et nous expose à l’arrivée de nouveaux variants, qui échapperont peut-être aux vaccins actuels. La crise du COVID-19 nous a montré l’importance de pouvoir anticiper. Le président de la République d’un pays comme la France doit faire preuve de responsabilité. Les pays à bas et moyens revenus doivent être autorisés à produire des vaccins. Nous avons perdu un an et demi.»
D’après Jérôme Martin, co-fondateur d’OTMeds : « La commission COVID-19 du Lancet a publié un rapport en décembre appelant à une réforme du système de propriété intellectuelle dans son ensemble, actant que le système actuel des brevets était « cassé » et qu’il « faisait des millions de morts ». Mais ce n’est pas cette nécessaire réforme qui se joue aujourd’hui avec la demande de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Elle n’a rien de révolutionnaire ou de radical. Elle est possible dans le cadre des accords de l’OMC, et dans une telle pandémie, tous les dispositifs doivent être actionnés. L’OMS l’a rappelé, pour sortir de la crise, les pays du sud doivent avoir accès aux vaccins. »
Pour Jean-Luc Mélenchon : « Tant que des millions de personnes restent sans barrage face à la contamination aucune fin de la pandémie n’est possible. Il est donc temps pour la France de soutenir la levée des brevets sur les vaccins dans les institutions internationales. Pfizer, Moderna et BioNtech font 1000 dollars de profits par seconde avec les vaccins qu’ils vendent. Leur cupidité est un obstacle pour l’accès universel au vaccin, notamment en Afrique. Il faut permettre à ces pays de produire eux-mêmes leurs vaccins grâce à la licence libre. Protéger les profits de Big Pharma comme le fait jusqu’ici Emmanuel Macron est dangereux et absurde sur le plan sanitaire. »
Selon Yannick Jadot : « L’OMC doit se réunir en urgence pour lever les brevets. C’est une demande légitime des pays du sud qui veulent produire leurs propres vaccins sans dépendre des pays riches. Sans une large campagne de vaccination à l’échelle mondiale, nous condamnons des centaines de milliers de personnes. Nous nous exposons aussi à l’émergence de nouveaux variants. C’est une question de solidarité et de sécurité sanitaire. Emmanuel Macron avait promis cette levée en juin, mais il n’a pas tenu ses engagements, une fois de plus. Président, je veillerai à ce que la question du droit à la santé soit une priorité et prime sur les intérêts financiers des géants de la pharmacie. »