Réquisitions, production locale, importation : nos questions pour un dépistage étendu maintenant. Le conseil scientifique déclare le dépistage massif du virus du COVID-19 nécessaire mais impossible pour le moment. Nous posons des questions qui remettent en cause la fatalité de ce délai : importations, production locale, réquisitions ; des mesures urgentes semblent possibles.
Le conseil scientifique sur le COVID-19 prend enfin position sur le dépistage et déclare qu’un dépistage massif est nécessaire mais impossible « pour le moment car les tests de dépistage nécessitent des composants dont une partie vient de Chine et des États-Unis. ». Nous saluons cette annonce mais nous regrettons qu’il ait fallu autant de temps pour que cette évidence soit actée et qu’il soit reconnu qu’étendre le dépistage n’est pas possible à cause de manque de capacités. Des mesures semblent pourtant être possibles pour accélérer les choses. Nous déplorons le fait que le gouvernement de la 7ème puissance économique mondiale, qui met souvent en avant son secteur pharmaceutique fort, considère impossible de trouver une solution de production nationale en de pareilles circonstances.
Nous posons les questions suivantes :
01
Pourquoi l’Allemagne a-t-elle elle pu pratiquer un dépistage massif si elle aussi dépendait des États-Unis et de la Chine ? C’est bien qu’il existe des sources d’approvisionnement (qui permettent de n’importer aucun composant de Chine et des Etats-Unis), notamment en Europe, ce que nous indique des producteurs de réactifs français que nous avons contactés.
02
S’il se révélait impossible de produire ces composants sur le sol français, alors pourquoi ne les importons-nous pas d’Allemagne ou des autres pays européens producteurs ?
03
La France a sur son territoire un des leaders du secteur, Biomérieux. Il semble improbable que Biomérieux n’ait pas les capacités de production nécessaires, y compris pour obtenir ces composants. Pourquoi ne pas réquisitionner les moyens de production existants en France pour produire ces composants ? La loi d’urgence le permettra rapidement et compensera l’erreur du gouvernement en matière de « doctrine du dépistage », reconnue par Edouard Philippe jeudi matin.
Nous sommes conscient-es qu’il n’est pas possible de corriger en une semaine les conséquences de ces choix politiques vieux de plusieurs décennies1Les restrictions actuelles du dépistage semblent avant tout liées au manque de personnel, aux manques de plateformes ouvertes, à l’absence de production locale publique de réactifs et matière première de réactifs, depuis de nombreuses années, à une domination du marché par trois géants pharmaceutiques que vous n’avez jamais tenté de réguler, à un manque de transparence sur les prix et sur les produits de santé et diagnostics utilisés.. Nous prenons d’ailleurs acte du fait que le conseil scientifique reconnaisse enfin que si on ne peut pas tester c’est pour des raisons économiques et non scientifiques, ce que le gouvernement n’a jamais reconnu, pressé de faire passer cette restriction pour une « doctrine » médicale. Nous demandons toutefois à ce qu’on ne fasse pas passer pour impossible techniquement ce qui est en fait la conséquence de politiques économiques de plusieurs décennies en matière de production locale, et le choix de la résignation dès les premières semaines de la crise. Il n’y a aucune fatalité en la matière tant que la volonté politique est là. Nous déplorons le manque de pro-activité du gouvernement pour faire face à la situation.
Notes
- 1Les restrictions actuelles du dépistage semblent avant tout liées au manque de personnel, aux manques de plateformes ouvertes, à l’absence de production locale publique de réactifs et matière première de réactifs, depuis de nombreuses années, à une domination du marché par trois géants pharmaceutiques que vous n’avez jamais tenté de réguler, à un manque de transparence sur les prix et sur les produits de santé et diagnostics utilisés.