Le Leem (« Les entreprises du médicament », qui défend les intérêts des multinationales pharmaceutiques en France), annonce une conférence de presse dédiée aux pénuries de médicaments essentiels.
L’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) peut déjà vous annoncer ce qui y sera dit :
- la France ne paierait pas assez cher les médicaments, ce qui causerait les pénuries ;
- la France n’offrirait pas assez d’argent public pour que des groupes « privés » sécurisent une production locale ;
- les groupes « privés » devraient avoir toujours et encore plus d’argent public, depuis le soutien à la recherche ou aux aides à la relocalisation en passant par des exonérations fiscales ou des hausses des prix des médicaments.
Otmeds peut aussi prédire les questions qui resteront sans réponse satisfaisante ou à laquelle le « secret des affaires » ou le « secret fiscal » seront opposés :
- Si les pénuries sont causées par des prix trop bas, pourquoi ont-elles aussi lieu dans des pays où les médicaments sont plus chers (la Suisse est frappée par de nombreuses pénuries avec des prix de médicaments génériques en moyenne 42 % plus élevés que dans les pays européens) ?
- Si les industriels ne sont plus intéressés financièrement par le développement de produits que l’on sait fabriquer depuis longtemps et qui sont essentiels à notre santé, pourquoi la puissance publique ne les reprendrait-elle pas ?
- Pourquoi Sanofi ferme-elle de nouveaux des usines en France, notamment des lignes assurant la production de principes actifs ?
- Pourquoi l’ensemble des contribuables devraient-ils accepter de payer un peu plus pour garantir la disponibilité des médicaments qui a été confiée à des groupes « privés » si ces derniers refusent de rendre publiques les informations essentielles à une évaluation de leur demande et à une politique rationnelle de dépenses de santé : coût de production, ensemble des aides publiques reçues, investissements réels de l’industriel, marge des intermédiaires ?
- La France doit-elle faire courir le risque, en cédant aux pressions des industriels sans éléments probants de leur part, de lancer une vaste inflation sur les prix des médicaments dans le monde, bloquant un peu plus l’accès aux traitements dans les pays à bas et moyens revenus ?
Le Leem se livrera jeudi à son exercice de chouineries préféré mais face aux pénuries qui touchent toutes les classes thérapeutiques et frappent tous les citoyens, leurs arguments démontés depuis longtemps ne devraient tromper personne.