L’Observatoire s’associe à l’action d’interpellation du Louvre organisé par l’association P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now) et ses soutiens. Elle vise à demander aux responsables du musée de refuser le soutien financier du laboratoire Sackler et de ne plus leur faire de publicité après l’épidémie meurtrière causée par son opiacé.
Ce lundi 1er juillet, des soutiens français de l’association P.A.I.N. ont déployé deux grande banderoles noires sur fond rouge, où l’on pouvait lire, en anglais : « Take Down the Sackler Name » (Retirez le nom de Sackler) et « Shame on Sackler » (Honte à Sackler). Ils et elles rappellent ainsi au Louvre la responsabilité de ce laboratoire. Les activistes alertent aussi les autorités sanitaires françaises. Elles doivent réagir en urgence et modifier les politiques publiques des drogues avant qu’une telle épidémie ne frappent aussi fortement la France, comme l’exigent depuis trente ans les militant-es de la lutte contre le sida et les hépatites, mais aussi les recommandations d’expert-es, de médecins, et de chercheur-ses.
L’Observatoire pour la transparence dans les politiques du médicament s’associe à cette action. Ce scandale pose aussi la question des liens entre l’industrie pharmaceutique et les responsables politiques et administratifs. Aux États-Unis, tous les commissaires de la FDA, agence sanitaire censée servir le bien public sont partis travailler à la fin de leur mandat… pour un laboratoire privé. En France ou dans les institutions européennes, la porosité entre ces compagnies et les décideurs est tout aussi problématique.
Ce scandale pose enfin la question du suivi des effets indésirables des traitements, avant et après leur autorisation, et leur sous-estimation, voire leur invisibilisation constante par l »industrie, trop souvent soutenue par les pouvoirs publics.
Nous relayons le communiqué de Aides et de P.A.I.N. Nous réclamons notamment l’accès de tous les usagers et usagères à la naloxone, un antidote aux surdoses d’opiacés qui est vital.
Communiqué de P.A.I.N
Nous, amis parisiens de P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now), aux côtés de P.A.I.N. et de Nan Goldin, Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, artiste mondialement reconnue et porte-parole du collectif, manifestons aujourd’hui devant le musée du Louvre en tant que survivants et témoins de la crise des opioïdes aux États- Unis, dont la famille Sackler et son entreprise Purdue Pharma sont les responsables.
Douze salles du musée du Louvre (aile des antiquités orientales) portent le nom Sackler, suite à un don de 10 millions de francs en 1997. Nous n’acceptons pas que le Louvre porte le nom d’une famille complice de crimes. Nous demandons à ce que le musée du Louvre débaptise l’aile Sackler et s’engage à refuser toute donation criminelle à l’avenir. Les Sackler ont commercialisé, en dépit de leur connaissance des risques du produit, le plus puissant et addictif analgésique de l’histoire : l’OxyContin, responsable direct de l’addiction de millions de personnes et de la mort de 218 000 d’entre elles par overdose depuis 20 ans.
Communiqué de Aides
Opioïdes : vers une crise sanitaire majeure, la France doit réagir !
En début d’après-midi, des militants-es de l’association P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now), fondée par Nan Goldin, se sont rassemblés-es devant la Pyramide du Louvre pour dénoncer le financement de la restauration de plusieurs salles du musée par la famille Sackler. La famille est propriétaire des laboratoires (Purdue et Mundipharma notamment) qui commercialisent dans le monde l’oxycontin, ce traitement à base d’opiacés responsable de la crise des opioïdes qui ravage actuellement les États-Unis et le Canada.
Alors qu’en France on observe déjà les prémisses d’une crise similaire, AIDES a profité de cette action pour alerter les autorités françaises. Elle demande une réelle politique de réduction des risques et exige l’abrogation de la loi de 1970 qui pénalise l’usage de drogue.
90 médecins addictologues ont également lancé le cri d’alarme le 22 juin dernier dans une tribune parue dans le Journal du Dimanche. 12 millions de Français-es utilisent des médicaments opiacés, sans être alertés-es sur leur potentiel addictif et sur les risques d’overdose. Les hospitalisations ont doublé, les décès triplé. L’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies fait quant à lui état d’une hausse de la dépendance aux opioïdes parmi les personnes non usagères de drogues illicites à la suite d’un traitement analgésique.
Avant que la France ne soit le terrain d’un drame similaire à celui de l’Amérique du Nord, il est urgent que les pouvoirs publics réagissent et réforment la politique des drogues, inefficace, incohérente et qui porte atteinte à la santé des usagers-es. D’un côté, une guerre aux drogues illicites est menée via une politique répressive qui ne réduit pas les consommations. De l’autre, il existe des drogues licites, comme les analgésiques à base d’opiacés qui ne sont pas distribués avec toutes les précautions requises et qui peuvent générer des addictions et overdoses.
Nous demandons la mise en place de réelles politiques de réduction des risques pour répondre aux enjeux de santé publique. Pour la sécurité des personnes usagères, nous devons mettre en place des espaces de consommation à moindre risque et faciliter l’accès aux traitements de substitution aux opiacés. L’accès à la naloxone – antidote aux surdoses d’opiacés – est par ailleurs primordial. Les autorités françaises doivent garantir à chaque personne usagère de drogues et ses proches, de pouvoir en disposer.
Enfin, la loi du 31 décembre 1970 doit être abrogée. Elle organise la chasse aux usagers-es et compromet leur accès aux outils de réduction des risques, aux soins et à la prévention. Depuis presque 50 ans, cette loi s’illustre par son inefficacité en remplissant les prisons d’usagers-es sans faire baisser les consommations de produits psychoactifs. La France reste par exemple le premier pays d’Europe en termes de consommation de cannabis.
Il faut changer de paradigme. La France doit agir maintenant !