« Le couvre-feu, la réduction des plaisirs, des relations sociales ne sont nécessaires que parce que la santé publique, le respect des recommandations médicales et l’hôpital sont sacrifiés à l’autel d’un dogmatisme austéritaire et d’une vision de la citoyenneté inepte, reposant sur la seule responsabilité individuelle. »
L’intervention du Président de la République et les mesures annoncées sont dans la continuité de sa politique depuis le début de la crise sanitaire : légères sur le plan scientifique, sans moyens matériels, sans égard pour les priorités de l’épidémie.
En affirmant que les échanges privés sont les facteurs les plus importants de propagation de l’épidémie, le Président de la République ment : le milieu scolaire et le milieu du travail sont les premiers touchés. Ce mensonge se rajoute à ceux déjà énoncés par le pouvoir en mars et avril au sujet des masques ou du dépistage. Emmanuel Macron porte une lourde responsabilité dans la dégradation de l’image de la science, tant son gouvernement a dévoyé les recommandations et le consensus pour dissimuler pénuries, manque de moyens et choix politiques désastreux. A cet égard, l’inflation d’infodémie et de discours complotiste n’est que la contrepartie des fautes graves de ce gouvernement à l’égard des recommandations médicales.
Aucun moyen n’a été donné à la santé publique. Le dépistage, depuis mars, n’a pas été pensé, et fait l’objet de décisions improvisées, qui témoignent d’une incompétence généralisée et d’un manque de coordination réelle. Interrogé sur ce sujet, le président a été incapable de présenter une stratégie de dépistage pensée, planifiée, qui tienne compte des erreurs passées. Il a fait porter l’échec sur la seule technique utilisée, et n’a présenté de solutions que techniques : les tests antigéniques, pourtant recommandés avec beaucoup de prudence par la HAS, ou une nouvelle application après l’échec cuisant de Stop Covid.
Aucune campagne d’information claire sur toutes les questions que peut poser l’application des gestes barrières n’a été financée. Aucun moyen supplémentaire n’a été donné pour ralentir l’épidémie à l’école. Il n’y a même pas de référent COVID-19 à l’académie de Créteil.
Aucune moyen matériel n’a été donné à l’hôpital public. Bien au contraire, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoit, une fois mis de côté la faible revalorisation salariale des soignants, une diminution des moyens pour accueillir et soigner. En pleine crise sanitaire, Emmanuel Macron sacrifie l’hôpital public. Dans le même temps, il refuse de faire la transparence sur les milliards d’euros de subventions publiques accordées aux multinationales du médicament, sans contrepartie de leur part.
Rien ne semble avoir été fait pour éviter des pénuries de médicaments qui ont accablés patients et équipes soignantes en avril et mai. Bien au contraire, le ministre de la santé Olivier Véran vient de trancher en faveur des industriels en réduisant le délai de stock qu’ils doivent faire pour éviter des ruptures.
Dans de telles conditions, l’hôpital ne peut pas faire face à une nouvelle vague. Rien de tout cela n’était fatal, et des décisions politiques et économiques auraient dû être prises. Emmanuel Macron a refusé de le faire. Dès lors, le couvre-feu, la réduction des plaisirs, des relations sociales ne sont nécessaires que parce que la santé publique, le respect des recommandations médicales et l’hôpital sont sacrifiés à l’autel d’un dogmatisme austéritaire et d’une vision de la citoyenneté inepte, reposant sur la seule responsabilité individuelle.