Santé Diabète/OTMeds s’allient pour l’accès à l’insuline et les politiques publiques

Publié le 12 octobre 2020 Dans la catégorie : Communiqués de presse

A l’occasion du centenaire de l’insuline, l’ONG Santé Diabète et l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) annoncent un partenariat autour de l’accès à des médicaments et produits de santé vitaux (antidiabétiques et outils de suivi) pour les personnes atteintes de diabète, et pour de meilleures politiques publiques en santé.

Comme c’est le cas pour de nombreux médicaments et produits de santé utilisés dans la prise en charge de maladies infectieuses et d’autres maladies non-transmissibles, l’absence de transparence sur la chaîne du médicament a de fortes conséquences sur l’accès à la prise en charge des personnes atteintes de diabètes. Pour une personne atteinte de diabète nécessitant une prise en charge par l’insuline, le manque de ce médicament pendant une journée peut être fatal et lui coûter la vie. C’est pourquoi, nous avons décidé d’allier nos expertises respectives, sur le diabète et l’accès à l’insuline (Santé Diabète) et sur les questions de médicaments ; prix, propriété intellectuelle, production, et les conséquences de l’opacité (OTMeds). La mise en place de politiques publiques en santé permettant un accès de tous à une prise en charge de qualité et à un accès à des médicaments vitaux nous semble être l’un des enjeux majeurs des années à venir, en France, au Mali, au Burkina Faso, aux Comores et partout à travers le monde.

En novembre 2019, nos deux organisations avaient notamment travaillé ensemble pour demander au gouvernement français de mettre en place la transparence sur toute la chaine du médicament dans le cadre du PLFSS pour 20191L’Assemblée Nationale adopte un amendement historique sur la transparence : https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/261119/lassemblee-nationale-adopte-un-amendement-historique.

En janvier 2020, nous avions co-écrit une tribune publiée dans le journal Le Monde sur les conséquences du manque de transparence sur l’accès aux dernières innovations thérapeutiques et sur les politiques publiques2Scandale Novartis : « Le produit d’un système encouragé par l’absence d’actions de nos pouvoirs publics » https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/01/07/scandale-novartis-le-produit-d-un-systeme-encourage-par-l-absence-d-actions-de-nos-pouvoirs-publics_6025089_1650684.html.
 
En 2019, 422 millions personnes à travers le monde vivaient avec le diabète selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Selon les projections de la Fédération Internationale du Diabète, plus de 628 millions de personnes devraient être touchées par le diabète en 2045, une augmentation notamment imputable à l’évolution des modes de vie, à la très forte croissance de l’urbanisation, au renforcement de la sédentarité et également aux enjeux d’alimentation. En 2019, 8 personnes sur 10 atteintes de diabète vivaient dans les pays à bas et moyens revenus, pays dans lesquels les barrières à l’accès à l’insuline représentent un frein majeur à la prise en charge. En Afrique, l’espérance de vie d’un enfant après son diagnostic du diabète n’est que de 8 mois.
 
Pourtant, l’insuline, est un traitement centenaire, qui a été initialement développé dans le cadre de l’Université publique de Toronto, et pour lequel, ses deux inventeurs avaient demandé à ce qu’aucun profit ne soit fait. Loin d’avoir respecté les souhaits de ces deux inventeurs, les trois firmes qui aujourd’hui se partagent le marché mondial de l’insuline pratiquent des prix qui rendent ce traitement hors d’accès notamment aux Etats-Unis, et qui pèsent sur l’Assurance maladie dans un pays comme en France.
 
L’accès à l’insuline constitue donc aujourd’hui un enjeu de santé publique mondiale. Une résolution sera présentée à l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) en mai prochain à l’occasion de ce centenaire. Cette résolution doit être l’occasion pour la communauté internationale de prendre la mesure de l’importance de la prise en charge du diabète. Cette prise de conscience est d’autant plus importante dans le contexte que nous traversons : une grande part des personnes qui décèdent du COVID est également atteinte de diabète. L’articulation de la réponse aux maladies infectieuses avec celle contre les maladies non transmissibles est donc essentielle.
 
Nos organisations mettront donc en commun nos expériences et expertises pour faire de l’accès à l’insuline une priorité. Par ailleurs, partant du constat que les conséquences de l’opacité entourant le marché de l’insuline sont représentatives de celles que nous constatons plus généralement pour d’autres pathologies et d’autres médicaments, la transparence sur tous les aspects de la chaine du médicament représente donc une urgence pour guider les politiques publiques en santé — des politiques publiques sans conflits d’intérêts. Ces différents éléments constitueront les principaux axes de la collaboration de nos deux organisations. 


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