En soutien à Christophe Prudhomme, en rappel des priorités vitales

Publié le 31 mars 2020 Dans la catégorie : Communiqués de presse

Alors que nous sommes obligés de passer par une requête au Conseil d’État pour que le gouvernement lutte efficacement contre les pénuries de matériel de protection et de médicaments essentiels, des polémistes publiques s’en prennent aux lanceurs d’alerte qui vivent l’horreur sur le terrain.

Parce qu’il dénonce l’impréparation et l’attentisme de l’exécutif face à la crise sanitaire que nous traversons, l’urgentiste Christophe Prudhomme, fait l’objet d’une campagne de dénigrement stimulée par des propos de l’ancienne ministre de la santé, Roselyne Bachelot-Narquin. On reproche au médecin une supposée incohérence, puisqu’il aurait relativisé, lors d’un passage télévisé le 6 mars dernier, la gravité de l’épidémie1Tweet de R. Enthoven ; Tweet de M. Bresson ; Tweet de D. Coastagliola ; Tweet de A. Mejean.

Le lendemain, le 7 mars au soir, Emmanuel Macron et sa femme s’affichaient ostensiblement au théâtre pour inciter les Français à sortir malgré le virus : «  La vie continue. Il n’y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie », déclarait-il. 5 jours plus tard, il fermait les écoles, et une semaine après maintenait les élections municipales. On devrait donc attendre d’un urgentiste une vigilance plus grande que le chef de l’État, conseillé par son gouvernement et toute l’administration de veille sanitaire ? Les attaques contre Christophe Prudhomme visent avant tout à déresponsabiliser l’exécutif.

Les critiques de Christophe Prudhomme oublient par ailleurs la cohérence de son engagement. Cela fait des années qu’il alerte sur les conséquences des politiques d’austérité, la dégradation des conditions de travail et d’accueil à l’hôpital public et aux urgences, le manque de personnel et de matériel, ou encore les inégalités territoriales, notamment la situation catastrophique en Seine-Saint-Denis. En septembre dernier, par exemple, il indiquait que les urgences n’étaient pas capables d’absorber un pic épidémique de grippe.

Celles et ceux qui disent « on ne pouvait pas prévoir, même Christophe Prudhomme a minimisé la portée du virus » ont-ils ces alertes en tête ? Ont-ils le souvenir de la grève de 15 mois des urgences en France? Ou préfèrent-ils dépolitiser la réponse à la pandémie et faire croire que les choix politiques, économiques, sociaux n’ont pas de conséquences sur nos réponses à la menace sanitaire ?

Roselyne Bachelot-Narquin, qui dénigre aujourd’hui Christophe Prudhomme, porte une lourde responsabilité dans la situation de l’hôpital aujourd’hui puisque ce sont ses réformes, et notamment la tarification à l’activité, qui ont détérioré l’hôpital public en le déterminant par des logiques de rentabilité, et non plus de santé pour tous et toutes.

Aujourd’hui, le manque de matériel de protection menace soignants et patients. Les pénuries, documentées, de médicaments essentiels vont condamner des patient-es à une dégradation des soins et une mort dans la plus grande souffrance. Des gens vont mourir étouffés car les sédatifs destinés à les soulager ne seront plus là. D’ores et déjà, les autorités ont appelé les hôpitaux à économiser et à abaisser les standards de soins.

Bien loin de réagir à la hauteur de cet enjeu en réquisitionnant les moyens de production pour faire facer à ces pénuries, le gouvernement laisse faire et nous oblige à saisir le Conseil d’État pour que les mesures nécessaires soient prises pour sauver des vies. Celles et ceux qui défendent le pouvoir en dénigrant Chrisophe Prudhomme ont-ils conscience des responsabilités politiques et des priorités vitales ?

Nous appelons l’ensemble des personnalités publiques à sortir de leur logique dogmatique et à faire front avec les personnels lanceurs d’alerte pour inciter le gouvernement à agir, enfin, avec des mesures à la hauteur de la gravité de la situation.


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