Prix du dépistage du COVID-19 en France = 135 €. Coût de production estimé = 12€. Si l’ensemble de la population était dépisté, cela reviendrait à 10 milliards d’€. La production locale publique de diagnostics est une urgence, car son absence nous place dans une situation de dépendance absolue vis-à-vis de producteurs, qui sont dans une position de force pour fixer quasi unilatéralement les prix.
Comme nous ne cessons de le répéter, la production locale publique de diagnostics (et autres produits de santé) est une urgence, car dans une situation de pandémie, son absence nous place dans une situation de dépendance absolue vis-à-vis de producteurs, en situation d’oligopole, qui sont dans une position de force pour fixer quasi unilatéralement les prix des médicaments et produits de santé liés au COVID-19. Cette situation menace nos systèmes de santé, mais surtout semble obliger à une prise de décision davantage sur des bases économiques (prix et stocks disponibles) plutôt que scientifiques. Cette absence de remise en question de la légitimité des prix des médicaments et produits de santé pendant que les moyens des hôpitaux étaient constamment rabotés conduit aujourd’hui notre système public de santé dans une situation dramatique face à une telle pandémie.
Aux États-Unis, Katie Porter, élue démocrate à la chambre des représentants, a évalué le prix de chaque test du coronavirus à environ 1200€ l’unité! L’élue a obtenu d’un conseiller de Trump l’engagement d’une prise en charge complète. Ce prix semble inclure une prise en charge aux urgences.
En France, Libération a estimé à 135 euros le prix facturé pour chacun de ces tests, précisant qu’ils sont pour le moment réalisés en hôpital et financés « à partir d’un budget hors nomenclature prévu pour les actes innovants » (ce prix comporte donc les consommables et un « coût de réalisation »). Si on devait dépister le dixième de la population française (une seule fois), cela reviendrait à presque un milliard d’euros ! Si l’ensemble de la population française devait recourir une seule fois à un test, ce qui devrait être le droit de chacun dans le contexte actuel, cela reviendrait à environ 10 milliards d’euros.
Selon le même article, « Le test mené en laboratoire de ville sera remboursé par la Sécurité sociale à hauteur de 60% […] La somme restante sera complétée par les mutuelles. » Ou par chacun-e d’entre nous, quand nous ne disposons pas d’une mutuelle, ce qui est déjà le cas pour de nombreux tests diagnostiques courants en laboratoire.
Pourtant, le coût de production du test du COVID-19 serait estimé à seulement 12 euros, comme d’autres tests du même type (tests de PCR en temps réels).
Par ailleurs, une recherche rapide sur la base de données de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) « Patent Scope » avec les mots clés très généraux « Coronavirus » ou « SARS-COV-2 » (pouvant s’appliquer aux traitements, vaccins et diagnostics) donne principalement pour résultats des brevets déposés par des institutions publiques. Ce test a-t-il également été développé sur fonds publics ?
Nous demandons à nouveau au ministère de la santé Olivier Veran de faire toute la transparence sur le prix des tests réalisés en France pour le COVID -19. Il doit de toute urgence contrôler les prix indus, comme cela a été fait pour le gel hydroalcolique, afin que la lutte contre l’épidémie se fasse avec tous les moyens financiers nécessaires, sans ruiner davantage un système de santé exsangue, et sans enrichir des compagnies privées sans scrupules qui nous font payer deux fois des découvertes qu’elles s’accaparent. Il doit aussi préciser le type de plateformes utilisé, leur marque et les marques, prix et origines des kits/réactifs utilisés. Nous demandons également au ministère de la santé de clarifier sur quels critères scientifiques se fondent les limitations au dépistage du COVID-19 et nous rassurer sur le fait qu’il ne s’agit pas de critères avant tout économiques.
Un plan de production locale publique de produits de santé doit également être au plus vite annoncé par le gouvernement pour faire face à cette pandémie, à moyens termes, aux ruptures et pénuries de traitements liées aux fortes tensions du marché de la matière première, au-delà du COVID-19 qui menacent notre système de santé et la prise en charge en France.