Une septième vague de contaminations au COVID-19 frappe la France. Aucune mesure forte de santé publique n’est prise par le gouvernement qui abandonne une nouvelle fois les plus vulnérables, notamment les personnes âgées. Alors que le tribunal administratif de Paris a reconnu l’État « fautif » pour son impréparation lors de la première vague, le gouvernement ne semble pas tenir compte des remarques passées ni des alertes de la société civile.
Près de 80 000 cas par jour sont recensés en moyenne. Mardi 28 juin, 147 248 cas avaient été signalés en 24 h, soit un bond de plus de 56 % par rapport à la semaine précédente. Si les variants majoritaires aujourd’hui provoquent moins d’hospitalisations, celles-ci ont quand même augmenté de 50 % en une semaine et l’état de déréliction des services, causé par les politiques d’austérité accélérées par Emmanuel Macron, inquiète sur notre capacité à faire face à cette nouvelle vague. Depuis trois semaines, le nombre d’admissions en soins critique est reparti à la hausse et atteint aujourd’hui les 75 admissions par jour en moyenne.
Entre le 1er mai et le 15 juin, le variant BA5 a tué 1500 personnes au Portugal, principalement des personnes âgées, alors même que leur taux de vaccination complet est plus important qu’en France et que le port du masque y est resté obligatoire. Dans ce pays, on peut s’attendre à ce que la nouvelle vague tue 3 000 personnes d’ici son pic en juillet. Comme l’indique l’expert en santé publique Antoine Flahaut, « 3 000 décès au Portugal, c’est 130 000 décès dans l’UE, 20 000 en France, 2 700 en Suisse. »
Après avoir défini sa stratégie sur sa volonté « d’emmerder les non-vaccinés » en janvier, Emmanuel Macron a abandonné toute réponse à la pandémie, par pur électoralisme. Brigitte Bourguignon, dont le mandat éphémère doit s’arrêter après son échec aux législatives, qui risque donc de rester dans l’histoire pour être la ministre inerte face à la septième vague, se contente de timides recommandations au détour de rares interviews.
Où sont les mesures pour rendre à nouveau obligatoire le port du masque, FFP2, dans les lieux clos, saturés de monde et les transports ? Où sont les campagnes publiques d’information sur cette nouvelle vague ? Où sont les mesures pour permettre la mise à disposition gratuite de masques FFP2 aux plus précaires et aux plus exposé-es ? Où est le soutien financier à l’hôpital et à ses personnels ? Des comptes ont-ils été demandés aux responsables de Moderna et de Pfizer, qui avaient assuré il y a 18 mois que les vaccins à ARN messager pourraient rapidement être adaptés aux variants du virus, mais qui depuis n’ont fourni aucune mise à jour plus efficace pour endiguer les transmissions ? Pourquoi la France et l’Europe se sont-elles encore une fois opposées à une véritable levée mondiale des barrières de propriété intellectuelle qui aurait permis, il y a 18 mois, d’augmenter la production mondiale, de réduire la transmission à l’échelle du globe, donc de diminuer le risque d’émergence de variants ? De même, une telle mesure permettrait à l’ensemble des chercheurs-ses de travailler aux vaccins existants pour les adapter aux nouveaux variants, et nous ne dépendrions plus du bon vouloir de Pfizer ou Moderna, alors même que le développement de ces vaccins doit avant tout à l’argent public.
Mardi 28 juin, le Tribunal administratif jugeait que l’État avait commis une faute à l’hiver et au printemps 2020 « en s’abstenant de constituer un stock suffisant de masques permettant de lutter contre une pandémie liée à un agent respiratoire hautement pathogène ». Cette impréparation l’avait notamment amené à multiplier les discours sur le masque contradictoires avec les recommandations sanitaires, mensonges qui s’étaient étendus au dépistage comme OTMeds le dénonçait alors. Depuis deux ans et demi, le gouvernement ne tire aucune leçon de ses erreurs passées. Il laisse chaque vague s’installer, ne prend pas les mesures nécessaires, refuse d’écouter la société civile experte en santé publique. Il est ainsi directement responsable de morts évitables et de COVID-longs, qui vont handicaper la vie de nombreuses personnes et représenter un défi majeur de santé publique dans les prochaines années.