Dimanche 3 septembre, sur BFM, le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire a une nouvelle fois invectivé et infantilisé les personnes malades, pointant des soi-disant abus, estimant que seule une hausse des dépenses individuelles de santé pourrait les « responsabiliser ». Or, il n’appuie son discours sur aucune donnée factuelle et on sait que l’ augmentation du reste à charge que Bruno Le Maire défend entraine un renoncement aux soins et un accroissement des inégalités en santé. De plus, le ministre a appelé les personnes malades des « consommateurs de médicaments », assumant bien que pour lui, la santé serait un simple marché. Il a enfin prétendu que le « tout gratuit » pour les médicaments serait déresponsabilisant. Or, aucun médicament n’est gratuit. Les traitements sont pris en charge à des niveaux divers par l’Assurance maladie, financée en partie par nos cotisations.
Ces propos s’inscrivent dans le projet que veut défendre le gouvernement dans le cadre du budget de la Sécurité sociale (Proposition de loi pour le financement de la Sécurité Sociale, PLFSS pour 2024), bientôt débattu au Parlement. Augmentation des franchises médicales, des forfaits de consultation, hausse du prix de l’amoxicilline à charge des personnes : le gouvernement est déterminé à accélérer le transfert les dépenses de santé de l’Assurance maladie aux individus, donc à accélérer la privatisation du système de santé.
Tout en s’en prenant aux malades, Bruno Le Maire refuse de contrôler l’activité des industriels du médicament.
- Il faudrait notamment évaluer la pertinence des prix des médicaments en s’appuyant sur des éléments rationnels, tels que ceux que nous avons listés dans notre check-list de la transparence. Ces prix sont de plus en plus exorbitants, alors même que les financements publics à la recherche et au développement aident, souvent massivement, les industriels dits privés. En mai 2019, les États-membres de l’Organisation Mondiale de la Santé adoptaient à l’unanimité une résolution appelant à faire la transparence sur ces informations pour permettre la fixation juste des prix des traitements. Dans son avis de novembre 2020 sur l’Accès aux innovations thérapeutiques, le Comité consultatif national d’éthique recommandait lui aussi la transparence afin que le régulateur retrouve du pouvoir dans les négociations. Dans son rapport rendu public le 6 juillet, la commission sénatoriale d’enquête sur les pénuries de médicaments et les choix de l’industrie pharmaceutique appelle à « conditionner les aides publiques et incitations fiscales à l’industrie pharmaceutique, améliorer la transparence quant à leur utilisation et leur évaluation qualitative » (Recommandation n°30, page 34). Cette transparence n’a toujours pas été faite et le gouvernement lance ces menaces contre l’accès aux soins sans éléments fiables pour guider sa politique.
- La responsabilité d’un ministre serait ensuite de faire baisser le prix des traitements princeps (sous brevet) par les moyens légaux que le droit international et national autorise, comme la licence obligatoire, qui permet de produire ou d’importer des génériques d’un médicament encore sous brevet, et par la mise en place d’une production au moins en partie publique.