Dans le numéro du 26 janvier 2023, les co-fondateurs d’OTMeds, Pauline Londeix et Jérôme Martin, rappellent l’importance de la transparence pour guider les politiques pharmaceutique face aux pénuries de médicaments.
« Faut-il augmenter le prix des médicaments ? Non il faut d’abord la transparence sur les coûts de production. »
Il est impossible de dire s’il faut, ou non, relever les prix des médicaments et produits de santé sans transparence sur les éléments rationnels qui permettraient aujourd’hui de les construire et sur lesquels les multinationales pharmaceutiques maintiennent une opacité. Pour savoir s’il serait opportun d’augmenter les prix pour contrer les pénuries, il faut des éléments concrets, solides et précis sur les coûts réels de production, le prix de la matière première pharmaceutique et les aides publiques reçues par les industriels. Ces derniers réalisent par ailleurs des marges sans commune mesure sur des innovations qui ont été en partie développées sur fonds publics et caritatifs, et qui sont facturées jusqu’à plusieurs millions d’euros par traitement.
L’inscription des médicaments dans une logique fondée sur l’offre et la demande implique que certains fournisseurs des firmes fassent des choix selon des opportunités de marché et non en fonction des intérêts de santé publique. Ainsi, des producteurs basés en Chine n’augmenteront pas leur production de principes actifs d’amoxycilline ou d’autres médicaments essentiels compte tenu de la hausse du prix de l’énergie, et feront peut-être d’autres choix de stratégie industrielle.
Pour l’ensemble de ces raisons il est essentiel de relocaliser, au moins en partie publiquement, la fabrication de ces médicaments essentiels en France et en Europe. Cette relocalisation pourrait impliquer une hausse des coûts, notamment si la construction de nouveaux sites industriels implique des contraintes environnementales plus fortes. Cela offre une opportunité pour réfléchir à une production pharmaceutique plus soucieuse de l’environnement et guidée par les besoins en santé. En revanche, les prix devront être construits sur des bases rationnelles et les différentiels justifiés. »