Deux mois après la mise en place du « Pass sanitaire » en France, les inégalités dans l’accès aux vaccins à l’échelle de la planète se creusent de plus en plus. Le danger criant que ces inégalités font courir non seulement aux personnes dans les pays pauvres, mais aussi dans les pays riches, doit conduire à un changement radical de politique.
Les inégalités, un danger pour tous et toutes
Si la vaccination massive dans les pays du nord permet aujourd’hui de limiter l’afflux de patient-es vers les hôpitaux et de limiter les contaminations, le manque d’accès à la vaccination dans les pays en développement compromet la lutte globale. En d’autres termes : non seulement ce manque d’accès condamne des milliers de personnes dans les pays pauvres, mais en plus, il augmente le risque que la pandémie ne finisse pas dans nos pays. Laisser le virus circuler au sud, c’est augmenter les risques d’émergence de nouveaux variants, plus virulents, dont certains pourraient résister aux vaccins existants.
Et cela fait le jeu de l’industrie pharmaceutique, en particulier Pfizer et Moderna qui aujourd’hui contrôlent le marché mondial de vaccins et souhaitent prolonger leurs ventes et leurs bénéfices sur la durée.
Des inégalités criantes et des atteintes à l’éthique
Dès le lancement des campagnes vaccinales, en décembre 2020, les pays riches, qui représentent à peine 14 % de la population mondiale, avaient acheté 96 % des vaccins les plus prometteurs. Moins de 1 % des 6 milliards de doses administrées dans le monde l’a été dans des pays pauvres, 80 % de ces doses ont été livrées aux pays riches. La Suède par exemple a reçu 9 fois plus de vaccins de Pfizer que tous les pays à bas revenus ensemble.
L’augmentation de la vaccination dans les pays riches, notamment ceux d’Europe de l’ouest, se fait aujourd’hui aux frais de principes éthiques. C’est le cas avec le gâchis de doses non utilisées et accaparées par ces pays. La France a acheté bien plus de de ses besoins nationaux en vaccins. Et des pays d’Europe de l’ouest commencent à octroyer massivement des troisièmes doses à des personnes déjà vaccinées, bien que l’Organisation Mondiale de la Santé ait à appeler à un moratoire sur ces « boosters » et qu’aucune étude ne tend à prouver sa nécessité à ce stade de la pandémie.
Presqu’un an après la mise sur le marché des vaccins de Pfizer et Moderna, les pays en développement n’ont toujours pas l’autorisation de produire ces vaccins pour vacciner leur population. L’Europe, et en son sein la France, refuse toujours de soutenir la demande de levée des barrières de propriété intellectuelle déposée il y a maintenant un an à l’Organisation Mondiale du Commerce.
Pourtant, l’importance de la vaccination est reconnue par les gouvernants des pays riches, puisque des pass sanitaires ont été mis en place. Une récente étude menée par l’Université de Sienne et publiée dans la revue Scientific Reports estime que l’accent doit être mis sur l’accès aux vaccins dans les pays en développement. C’est une nouvelle preuve scientifique que les inégalités vaccinales au niveau mondial menacent tout le monde.