La santé publique reste quasi-absente des débats politiques. Elle est dans l’angle mort des partis, notamment des partis politiques de gauche qui devraient pourtant être les premiers à s’en emparer. Au cours des douze derniers mois, non seulement les enjeux de santé publique ont été délaissés par la gauche parlementaire, mais celles et ceux qui la défendent ont été ignoré-es ou méprisé-es, non seulement par le pouvoir, mais aussi par l’opposition de gauche.
Un impensé sexiste est à l’œuvre ici. Car la santé publique impose de repenser à l’aune du soin, de la sollicitude, de l’attention aux interconnexions et aux vulnérabilités des pans entiers de l’action politique : l’organisation de la société, le monde du travail, l’industrie, les transports, l’énergie, l’exploitation des ressources, le système agro-alimentaire, etc. La santé publique implique donc de bouleverser des champs entiers de l’action politique jugés dignes et attribués aux hommes par des préoccupations le plus souvent méprisées dans le débat public car assignées à des préoccupations féminines, des « trucs de femmes ».
Qu’est-ce qui empêchent les élu-es et partis de gauche de s’emparer enfin des enjeux de santé publique et d’en faire l’axe moteur de leur discours et de leur action ? Comment peut-on se dire de gauche, féministe et ne pas voir l’impensé sexiste qu’il y a à mépriser le souci des autres, la sollicitude, l’attention aux vulnérabilités ? Et comment, après plusieurs années de COVID-19 et les preuves de risques d’émergences de nouvelles pandémies, de l’impact sanitaire du réchauffement climatique, des maladies non transmissibles, peut-on se dire écologiste sans voir le lien évident entre écologie et santé publique ?