Nos réactions aux annonces de Moderna/NIH pour le candidat vaccin

Publié le 16 novembre 2020 Dans la catégorie : Communiqués de presse

Si les annonces du laboratoire Moderna sur le candidat vaccin mRNA-1273 suscitent de l’espoir, différents points doivent être pris en considération pour interpréter ces annonces. Pour le moment, et comme pour le candidat BNT162b2 de Pfizer/BioNTech, les seules informations disponibles sont celles du laboratoire, ce qui est insuffisant.

Si les annonces de Moderna sont particulièrement encourageantes, nous ne pouvons, pour le moment, que nous fier aux annonces du laboratoire lui-même, dans la mesure où nous ne disposons pas des résultats complets de l’essai. Nous prenons cependant acte que la communication de Moderna est plus détaillée que celle de Pfizer la semaine dernière sur différents points.

Ainsi, concernant le candidat vaccin mRNA-127 de Moderna avec le NIH, nous notons que : 

01.

Nous ne disposons pas des résultats complets de l’essai, nous ne savons pour le moment pas à quelle question correspond et répond les « 94.3% d’efficacité » avancés par la firme. La firme avance également que « 42 % des participants à l’essai de phase 3 aux Etats-Unis font partie de populations à risques (personnes âgées de plus de 65 ans ou présentant un facteur de risque). ». Si cela est encourageant, les résultats sont trop partiels et pas suffisamment détaillés pour pouvoir déterminer ce qu’ils recouvrent réellement, et les détails des résultats dans cette population notamment. Une communication qui ne s’appuie comme c’est le cas là, que sur des résultats partiels et préliminaires, qui plus est venant du développeur uniquement, est insuffisante pour juger de l’efficacité de ce candidat vaccin.


02.

Le protocole et les résultats des essais cliniques doivent encore être analysés et revus par des comités d’experts indépendants, ainsi que par les agences de régulation (FDA, EMA, etc.), ce qui n’est pas encore le cas.

nté, personnes âgées, etc.). La précipitation autour de l’achat de réfrigérateurs et de pré-commandes de millions de doses du vaccin de Pfizer la semaine dernière, donne l’impression d’Etats en constante réaction face aux firmes pharmaceutiques. Alors qu’une meilleure coordination, évaluation des produits en développement et anticipation permettrait de « designer » une politique vaccinale optimale et possible à rendre opérationnelle.


03.

Contrairement au candidat vaccin de Pfizer, qui doit être conservé à -70c° (ce qui le rend très difficilement utilisable en particulier dans les pays en développement), celui de Moderna semble se conserver dans des conditions plus favorables (2 à 8°c). 


04.

Il faut par ailleurs une transparence totale sur les financements qui ont permis au développement de ce vaccin : 953 millions de dollars d’argent public américain ont été investis à travers le BARDA (Biomedical advanced research and development authority), par le ministère de la santé américain.


05.

Le prix proposé par Moderna en France devrait être compris entre 21 et 31 euros, ce qui reste très élevé, compte tenu de l’argent public investi dans le développement de ce vaccin, bien loin des coûts de production réels pour des vaccins. Si l’ensemble de la population mondiale doit être vaccinée, cela pourrait peser extrêmement lourd sur les systèmes de santé, voire représenter un véritable frein à une politique vaccinale efficace, permettant de juguler la pandémie, et de sortir des cycles confinement-déconfinment-reconfinement que nous connaissons actuellement.


A titre comparatif, au moment de la mise sur le marché du vaccin contre le H1N1, à un prix avoisinant les 50 euros, des producteurs de génériques avaient proposé de le commercialiser en France pour 5 euros, ce qui donne une idée du décalage entre le coût réel de production et le prix demandé par les firmes. Nous demandons la mise en place de la transparence en France, sur tous les investissements publics, privés, et caritatifs, ayant permis au développement des produits de santé au moment de négociation d’un prix par le Comité économique des produits de santé avec les firmes pharmaceutiques. A défaut d’avoir des éléments clairs justifiant des prix aussi élevés, et dans la mesure où la recherche vaccinale sur le COVID-19 a été financée très largement par des fonds publics, l’Etat doit avoir recours aux licences obligatoires, comme le prévoit le droit de l’organisation mondiale du commerce (OMC). L’urgence sanitaire mondiale que nous traversons et les financements publics investis le justifient amplement.

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