Nous appelons médias, société civile, élu-es, nomment les sénateurs et sénatrices de la commission d’enquête sur les pénuries de médicaments, à mesurer la gravité de la mesure annoncée par le gouvernement et à agir en conséquence pour la dénoncer et promouvoir une politique pharmaceutique rationnelle et répondant aux besoins en santé de toutes et tous.
Le gouvernement annonce une augmentation de 10% du prix de l’amoxicilline, augmentation qui se reportera sur le reste à charge. Au lieu de s’attaquer aux causes structurelles des pénuries, le gouvernement choisit donc de faire payer la population. Il s’agit là d’une nouvelle étape dans la privatisation du système de santé et de l’accès aux soins, dont tout le monde doit mesurer la gravité.
Car quelles seront les limites de cette mesure ? Le gouvernement annonce qu’une douzaine d’autres médicaments pourraient voir leur prix augmenter. Il y a eu plus de 3000 signalements de pénuries de médicaments en 2022. Va-t-on faire payer à la population pour chacun de ces médicaments ?
Le prix des médicaments n’est pas la cause de leurs pénuries. Après des mois d’auditions d’acteurs d’horizons divers et de de travaux, la commission sénatoriale l’a confirmé. Une preuve en est que l’amoxicilline a rencontré des problèmes de disponibilités dans des pays où les médicaments sont plus chers. En Suisse, où les génériques sont en moyenne 42 % plus chers que dans le reste des pays européens, on a aussi constaté des pénuries de cet antibiotique. L’opacité empêche d’évaluer la légitimité du prix des médicaments, le gouvernement nous demande donc de payer en nous en remettant entièrement aux demandes des industriels.
Les causes structurelles des pénuries de médicaments sont connues : augmentation mondiale de la consommation (accroissement de la population, notamment dans des pays émergents, augmentation de la capacité de financement de systèmes de soins de ces pays où la population est beaucoup plus nombreuse qu’en Europe), inscription des médicaments dans des logiques commerciales qui permettent pas de répondre aux besoins en santé des populations, dépendance de la France envers la production pharmaceutique, notamment de principes actifs, concentrée géographique en Chine et en Inde, opacité sur la chaine du médicament qui empêche les pouvoirs publics de mener rationnellement leur politique industrielle, économique et sanitaire.
Par une telle mesure, le gouvernement refuse de s’attaquer à ces causes structurelles et maintient une politique dogmatique visant la privatisation de la santé. Il est indispensable de promouvoir au contraire une politique de transparence permettant d’obtenir des éléments rationnels pour fixer les prix des médicaments : coût de production, marge des intermédiaires, investissement réel des industriels, aides publiques reçues. Il faut par ailleurs engager enfin une production publique de médicaments.