Démission de 1000 médecins hospitaliers : la responsabilité de Buzyn et Véran

Publié le 13 janvier 2020 Dans la catégorie : Communiqués de presse

«Agnès Buzyn et Olivier Véran portent une lourde responsabilité dans le maintien de ce système opaque, qui aboutit à la destruction de l’hôpital public. Nous demandons l’arrêt des politiques d’austérité et la mise en place, par décret, de la transparence sur les prix des médicaments et des produits de santé.»

Ce mardi 14 janvier, plus de 1000 médecins hospitaliers présenteront leur démission pour protester contre le manque criant de moyens dont l’hôpital public souffre. La situation dans les hôpitaux des départements français d’Amérique, notamment, est d’une dureté indescriptible : la gestion coloniale y aggrave la politique austéritaire.

Les moyens financiers existent. On peut par exemple réorienter les dépenses exorbitantes liées aux prix illégitimes des médicaments et produits de santé. L’industrie pharmaceutique fixe, dans la plus grande opacité, et de façon quasi unilatérale des prix exorbitants et illégitimes1En 2014, des nouveaux traitements de l’hépatite C ont été mis sur le marché autour de 50 000 €. L’achat par l’Assurance maladie de ce seul médicament en 2015 a représenté 2 milliards d’euros soit un tiers du budget total de l’AP-HP (7 milliards d’euros) !.

En réalité, nous payons deux fois les médicaments et produits de santé : d’abord par un soutien à la recherche, ensuite par l’Assurance maladie2C’est le cas d’utils de suivi d’une hépatite virale, développés grâce à de l’argent public (l’INSERM, CNRS, AP-HP, des universités et d’écoles d’ingénieurs publiques). Pourtant les bénéfices des ventes sont privés. C’est le cas du Zolgensma, développé grâce à l’argent du Téléthon, donc des dons défiscalisés, a été proposé par la firme Novartis au prix de 2,1 millions d’euros par injection !. Et le soutien à la recherche n’est ni évalué, ni contrôlé3Depuis 10 ans, Sanofi reçoit 150 millions d’euros au titre du crédit d’impôt recherche, sans compter les autres financements publics qu’elle reçoit sous d’autres formes. Dans la réalité, Sanofi réduit massivement le nombre de chercheurs et abandonne des domaines entiers, comme la recherche. 150 millions d’euros pour une seule forme d’aide publique à un unique laboratoire qui la détourne, c’est plus du double de ce qu’Agnès Buzyn avait proposé en juin dernier à tous les hôpitaux de France.. Cela donne une idée des priorités de ce gouvernement, qui accepte de dilapider sans aucun contrôle, et par milliards, l’argent du soutien public à la recherche ou du remboursement de médicaments aux pris indus, mais refuse les moyens nécessaires aux hôpitaux.

En novembre dernier, les parlementaires adoptaient enfin, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), une mesure obligeant l’industrie à fournir le montant des aides publiques reçues pour le développement d’un médicament. Mais la mesure a été censurée par le Conseil constitutionne au motif qu’elle aurait été votée en deuxième lecture seulement. La mauvaise volonté du rapporteur Olivier Véran et du gouvernement avaient en effet empêché l’adoption de cette mesure en première lecture, d’où son annulation par le Conseil constitutionnel.

Ni Olivier Véran, ni Agnès Buzyn n’ont indiqué ce qu’ils allaient faire pour compenser les conséquences de leur attentisme. Pendant ce temps, l’argent public continue d’être dilapidé par milliards, sans aucun contrôle de la pertinence et de la légitimité des prix des médicaments et des produits de santé, ni de l’argent versé au titre du soutien à la recherche. Pendant ce temps, la politique de destruction de l’hôpital public continue, personnels et patients étant les variables d’ajustement d’un système opaque qui rend publiques les dépenses, l’investissement et la prise de risque, mais privatise les profits en nous faisant payer deux fois les médicaments.

Agnès Buzyn et Olivier Véran portent une lourde responsabilité dans le maintien de ce système opaque, qui aboutit à la destruction de l’hôpital public. Nous demandons l’arrêt des politiques d’austérité et la mise en place, par décret, de la transparence sur les prix des médicaments et des produits de santé.


Notes

  • 1
    En 2014, des nouveaux traitements de l’hépatite C ont été mis sur le marché autour de 50 000 €. L’achat par l’Assurance maladie de ce seul médicament en 2015 a représenté 2 milliards d’euros soit un tiers du budget total de l’AP-HP (7 milliards d’euros) !
  • 2
    C’est le cas d’utils de suivi d’une hépatite virale, développés grâce à de l’argent public (l’INSERM, CNRS, AP-HP, des universités et d’écoles d’ingénieurs publiques). Pourtant les bénéfices des ventes sont privés. C’est le cas du Zolgensma, développé grâce à l’argent du Téléthon, donc des dons défiscalisés, a été proposé par la firme Novartis au prix de 2,1 millions d’euros par injection !
  • 3
    Depuis 10 ans, Sanofi reçoit 150 millions d’euros au titre du crédit d’impôt recherche, sans compter les autres financements publics qu’elle reçoit sous d’autres formes. Dans la réalité, Sanofi réduit massivement le nombre de chercheurs et abandonne des domaines entiers, comme la recherche. 150 millions d’euros pour une seule forme d’aide publique à un unique laboratoire qui la détourne, c’est plus du double de ce qu’Agnès Buzyn avait proposé en juin dernier à tous les hôpitaux de France.
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