Retour sur un mensonge inquiétant prononcé par Olivier Véran cet après-midi à l’Assemblée nationale : non, la France n’a pas suivi les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé. C’est même Olivier Véran qui l’a reconnu.
Moins de deux heures après la publication de réponses au ministre de la santé sur ses annonces d’hier, une intervention d’Olivier Véran nous fait douter de sa capacité à agir rationnellement, à entendre les arguments de bon sens et à être à la hauteur de la crise. Lors d’une réponse à une question de la députée Danièle Obono, il a en effet asséné ce mardi 24 mars un mensonge flagrant en assurant que la France aurait toujours suivi les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Jeudi 19 mars, le premier ministre exposait la « doctrine française » en matière de dépistage qui était aux antipodes des recommandations de l’OMS, puisqu’il expliquait que le dépistage était inutile et contre-productif. Samedi 21 mars, le communiqué de presse publié sur le site du ministère continuait à défendre un dépistage restreint aux personnes présentant les symptômes les plus cliniques, alors que dans un point presse Olivier Véran évoquait une réorientation de la doctrine pour se conformer enfin aux recommandations de l’OMS. Il disait s’être jusque-là conformé aux recommandations de la commission européenne. Le 22 mars, dans les colonnes du Parisien, il opposait extension du dépistage et confinement alors que l’OMS invite à les penser en complémentarité, y compris dans la phase 3 de l’épidémie.
Comment le ministre peut-il mentir le 24 mars en supposant oubliés les errements passés pour lesquels il porte une lourde responsabilité et qui sont documentables en lisant trois articles de notre édition sur Mediapart, en écoutant le témoignage de soignants qui n’ont pas accès au dépistage, pas plus que les caissières, les éboueurs, les ouvriers devant travailler, les aides à domicile, etc. ?
Le mensonge n’est pas le seul motif d’inquiétude. A la proposition de réquisitionner les lieux de production pour des masques ou des réactifs, le ministre répond : « une réquisition, ce n’est pas neutre. Cela fait combien de temps que ce n’est pas arrivé, Mme Obono ? » Mais combien de temps cela fait-il qu’une épidémie meurtrière n’a pas confiné la population entière ? Le ministre a-t-il réellement pris la mesure de la gravité de la situation pour répondre avec une telle légèreté ?
Nos critiques contre l’inaction du gouvernement se sont jusqu’à présent exercées en supposant un interlocuteur compétent, rationnel, ayant pris la mesure de la gravité de la situation. Le mensonge d’Olivier Véran et son refus de prendre toutes les mesures qui s’imposent nous en font aujourd’hui douter. Ces errements, ses contradictions, sa minimisation de la situation et des moyens à mettre en œuvre sont extrêmement inquiétants.
Nous appelons Olivier Véran à revenir à la raison en reconnaissant son mensonge, à mettre fin à de telles pratiques, à mettre en œuvre tout ce qui est possible, à s’adresser à l’ensemble des acteurs de façon constructive et pragmatique, notamment sur le sujet des réquisitions, pour étendre le dépistage et lutter contre l’épidémie, car sa perte de contrôle aujourd’hui à l’Assemblée est indigne de la fonction qu’il occupe en particulier en ces temps de crise sanitaire majeure.