Notre réaction à l’annonce de nouvelles suppressions d’emplois au sein du géant pharmaceutique Sanofi. Selon plusieurs articles de presse, Sanofi pourrait supprimer un millier de postes. Pourtant :
- Les actionnaires de Sanofi viennent de se partager 4 milliards d’euros, en pleine crise économique et sociale ;
- Sanofi reçoit de nombreuses aides publiques. Par exemple, le laboratoire touche 150 millions d’euros par an de Crédit Impôt Recherche. Depuis 10 ans, cela représente un milliard 500 millions d’euros, sans aucun contrôle public : depuis 10 ans, Sanofi a supprimé plus de 2800 postes de recherche et abandonné des pans entiers de recherche, comme Alzheimer ou certaines maladies infectieuses.
- Sanofi brevettent indûment des anciennes molécules et les vend à des prix exorbitants. C’est ainsi que Sanofi détient certains des brevets sur l’insuline, un médicament découvert il y a 100 ans. Le prix qu’elle impose sur ce produit ruine les systèmes de santé nationaux et empêchent les personnes atteintes de diabète d’y avoir accès, par exemple aux États-Unis
- Comme tous les géants pharmaceutiques, Sanofi nous fait donc payer les médicaments au moins deux fois : une fois par l’aide publique à la recherche, une fois par le remboursement de médicament au prix toujours plus exorbitants et illégitimes.
- Au milieu du mois de mai, Sanofi exerçait un nouveau chantage à l’aide publique française et européenne en menaçant de retarder la mise à disposition d’un éventuel vaccin contre le COVID-19.
Emmanuel Macron, son gouvernement et la majorité parlementaire sont complices :
- Depuis un an, ils refusent de mettre en place la transparence réclamée par une résolution prise en mai 2019 par les États Membres de l’OMS, et qui permettrait notamment de savoir combien d’aide publique les laboratoires reçoivent.
- Les députés LREM ont vidé de son sens une proposition de loi de l’opposition permettant la création d’un pôle public du médicament, qui aurait sorti les produits de santé des logiques de profits, de l’offre et de la demande.
- Emmanuel Macron a cédé au chantage de Sanofi sur le vaccin contre le COVID-19, et plus généralement sur les pénuries de médicaments, en visitant pompeusement un site de production et en annonçant de nouvelles aides publiques pour que Sanofi relocalise en France sa production. Sans inscription du médicament dans les logiques du bien commun, financer la relocalisation de groupes privés reviendra à financer les profits des actionnaires. Le laboratoire n’a pas attendu 15 jours pour montrer à Emmanuel Macron qu’il se moquait de ce geste symbolique avec ces nouvelles menaces sur l’emploi.
Les choix politiques d’Emmanuel Macron nous rendent vulnérables à la rapacité de grands groupes privés qui n’ont pas la santé pour objectifs, ruine notre système de soins, menacent les salarié-es de l’industrie. Il le sait, son gouvernement le sait. Seule la transparence sur toute la chaîne du médicament et la création d’un pôle public permettront d’enrayer cette fuite en avant.