Les annonces faites par le président de la République ce lundi 12 juillet contreviennent aux fondements de la santé publique. Inéthiques, inefficaces, elles vont renforcer les divisions dans la société alors que l’adhésion vaccinale repose sur le sens du collectif.
Vaccination dans le monde : des annonces dérisoires
Pour garantir un accès universel et effectif à la vaccination et lutter contre les inégalités mondiales, Emmanuel Macron s’est contenté dans ses annonces de valoriser une politique de dons, qui a montré toutes ses limites : moins de 2 % des personnes vivant en Afrique sont vaccinées. Il y a un mois pourtant, le président de la République s’engageait à soutenir à l’OMC la levée des brevets demandée depuis octobre 2020 par l’Inde et l’Afrique du sud, seul moyen d’augmenter rapidement la production mondiale. L’allocution de ce lundi soir constitue donc une nouvelle régression par rapport aux engagements passés de la France.
La contrainte est un levier inéthique et contre-productif
Extension du Pass Sanitaire, obligation vaccinale pour les soignants, tests PCR payants : l’essentiel des mesures annoncées pour garantir l’adhésion vaccinale en France passe par la contrainte. Les travaux en santé publique et les nombreuses expériences de terrain ont montré que la contrainte était le plus souvent contre-productive, notamment en matière d’adhésion vaccinale.
En l’espèce :
Le président de la République assimile non-vaccinés et promoteurs de discours anti-vaccins pour omettre les inégalités dans l’accès au système de santé. Les revenus, l’origine, le handicap, le territoire sont par exemple des facteurs accroissant les inégalités vaccinales. Le travail de l’État pour les lever a été inexistant. Rendre les tests PCR payants ou étendre le pass sanitaire pénaliseront donc des personnes déjà confrontées à des inégalités. Que va-t-il par ailleurs se passer pour les personnes pour qui le vaccin est contre-indiqué ?
- Rendre les tests PCR payants pour les non-vaccinés, c’est rendre l’accès au dépistage plus difficile pour la population qui en aura le plus besoin. C’est une aberration en matière de santé publique et de lutte contre la pandémie.
- Rendre les tests PCR payants pour les non-vaccinés, c’est conditionner la gratuité d’un dispositif de santé à un jugement moral sur leur choix. Cela pourrait amener à ne plus rembourser des soins contre le cancer pour des fumeurs, par exemple.
- Concrètement, une personne non vaccinée souhaitant accéder aux espaces publics sans discontinuité devra-t-elle effectuer 15 tests PCR par mois à ses frais ?
- Quel travail le gouvernement a-t-il effectué pour faire baisser les prix des tests PCR et des vaccins ?
L’adhésion vaccinale ne se décrète pas par des mesures qui divisent, mais par de la pédagogie et la recherche du collectif
- En refusant de répondre aux interrogations des personnes qui s’inquiètent des vaccins, en les assimilant tous aux militants des mouvements obscurantistes anti-vaccins, le président de la République ne peut que renforcer ces derniers en leur donnant des arguments faciles pour convaincre. Il polarise ainsi un débat dans des postures simplistes, l’opposition contre l’obligation, là où la nuance et la pédagogie sont indispensables.
- Les pouvoirs publics ont consacré des moyens dérisoires pour assurer de la pédagogie sur les vaccins contre le COVID-19 et répondre aux inquiétudes légitimes d’une part de la population. De même, les efforts fournis par le gouvernement pour contrer le discours des anti-vaccins, notamment sur les réseaux sociaux, ont été totalement insuffisants.
- La confiance vaccinale se construit par la transparence. Depuis le début de la crise, les dirigeants politiques ont refusé d’exiger toute la transparence sur les essais menés, en grande partie financés par l’argent public. Pourtant, cette transparence aurait permis d’informer plus vite, et de façon nuancée, de l’intérêt et des limites de chaque vaccin, d’élaborer et mettre à jour des stratégies en pensant les produits de façon complémentaire. Une telle transparence doit être mise en place sur les candidats vaccins actuels et sur toutes les recherches.
- Alors que la société est éprouvée par les 18 derniers mois de crise sanitaire et sociale, alors que l’enrichissement des plus riches depuis le début de la pandémie est avéré, annoncer s’en prendre aux retraites est une énième provocation d’un pouvoir incompétent et injuste.